La folie high-tech en logistique interne

Bonne ou mauvaise nouvelle ?

Cette année, la star incontestée du S.I.T.L., le salon annuel de l’innovation, du transport et de la logistique était la robotisation intralogistique.
Pourquoi cette tendance est intéressante ?
Dans une économie qui devient tout e-commerce et tout logistique, la densité de stockage, le délai et l’efficacité de préparation sont au cœur de toutes les attentions.
Corollaire, les projets de transtockeurs explosent.

Mais des offres alternatives aux solutions de transtockage et aux intégrateurs traditionnels existent.

La pépite française, Exotec, qui était en bonne place au #SITL22 et les solutions de Kiva Systems, rebaptisée Amazon Robotics depuis son rachat par l’entreprise éponyme, ont-elles aussi fait des émules.

Au SITL, de nombreuses sociétés présentaient des solutions de robotisation de l’intralogistique. Certaines étaient objectivement plus abouties que d’autres, mais force est de constater : le secteur est en effervescence.

Pourquoi il faut suivre ces solutions ?
Alors, selon vous, si l’opération parait rentable, faut-il sortir le carnet de chèque ?

Faut-il sortir le carnet de chèque ?

Comme l’a montré le dernier S.I.T.L., l’offre de nouvelles solutions intralogistiques robotisées explose. Plus flexibles que les solutions traditionnelles, ces solutions #industrie40 deviennent abordables pour des structures à taille réduite.
Pour autant, un ROI projet positif et des contraintes fortes sur l’espace de stockage justifient-ils de sortir tout de suite le carnet de chèque ?

Mon expérience m’a montré que les dossiers d’investissement sont souvent construits sur la base d’un scénario unique, qui est souvent technologique. C’est ce que j’appelle le paradigme du scénario technologique unique.

À ce stade, il est préférable de poser le stylo et de fermer le carnet de chèque. Il existe en effet 2 risques majeurs à procéder sur la base d’un scénario technologique unique.

Ainsi, un client que j’ai accompagné il y a deux ans considérait l’investissement dans un transtockeur. Le projet était rentable… comparé à la situation actuelle.

Les transtockeurs sont, en fonction des volumes, une solution évidente pour gagner en densité de stockage et faire des gains d’efficacité de préparation. Mais les investissements sont lourds.

Dans le cas de mon client, nous avons balayé un large panel de solutions puis approfondi l’analyse de 3 solutions plus particulièrement pertinentes.

L’ouverture du panel des solutions a permis d’identifier un scénario alternatif présentant un gain légèrement inférieur au transtockeur.

L’investissement, en revanche, était beaucoup plus maîtrisé et le ROI du projet bien meilleur.

Là encore, je recommande de patienter un peu avant d’investir. Et, au-delà de mon exemple des transtockeurs, le raisonnement vaut pour les nouvelles solutions qui émergent.

Il consiste à investir sur la base d’un besoin actuel non optimisé. Les implications sont doubles :

Payer un surcoût d’investissement pour absorber une situation (volumes de stockage par exemple) sous optimisée.

Choisir une solution qui paraît rentable par rapport à une situation non optimisée mais peut-être pas par rapport à une situation optimisée…

Des gains "cadeau" sans techno ?

Avant d’investir dans une solution technologique, je suggérais dans un précédent poste d’optimiser la situation actuelle, même si le ROI du projet est avéré. Pourquoi ?
D’abord, pour éviter de surinvestir. En menant un véritable plan d’actions, on peut réduire significativement les volumes à stocker, et minimiser les besoins en surface et en investissements associés.
Pourquoi les actions de réduction des stocks ne donnent en général aucun résultat ? Plusieurs raisons à cela :

Ça ne peut pas marcher car la logistique n’est rien d’autre que la liaison entre fournisseurs, fabricant et clients. Si on ne travaille pas en parallèle, le dimensionnement scientifique des stocks, les process logistiques de bout en bout (lancements, etc.) et la performance industrielle (délais fournisseurs, lead times internes), les équipes logistiques s’épuisent pour des gains marginaux.

À contrario, une démarche globale permet de réduire substantiellement les stocks en améliorant le service client.

On voit qu’une optimisation préalable des niveaux de stock, des processus logistiques et de la performance industrielle sont indispensables pour réduire les investissements et, pourquoi pas, éviter d’investir dans ce nouvel entrepôt ?

L’autre raison pour travailler la performance tout de suite c’est qu’un projet technologique peut durer de 12 à 30 mois suivant les contextes.

On arrête vraiment de progresser pendant tout ce temps ?

Lors d’une intervention auprès d’un de mes clients, le travail d’analyse du besoin et des process a fait apparaître de nombreux points d’améliorations kaizen dans l’entrepôt ou de kaizen digital au niveau des SI.

Mon client a eu la bonne idée de les mettre en œuvre rapidement et la vie des opérateurs a été largement améliorée. Par respect pour les opérateurs et les salariés, il faut mettre en place les quick-wins et lancer les actions de fonds au plus vite et sans attendre l’arrivée des ruptures technologiques.

Au risque (mais en est-ce réellement un ?) de ne plus avoir besoin de ces dernières.

Évidemment, tous ces gains ne sont pas « cadeau ». Mais ils sont indispensables et on aurait tort de s’en priver.

Et vous, avez-vous déjà vécu de telles situations en logistique ou ailleurs ?